ESSAI — Moins logeable que sa cousine Octavia Combi mais meilleur marché que la Golf SW, la Leon ST veut fidéliser la clientèle Seat qui a pour coutume, passée la trentaine, de se tourner vers Skoda ou Volkswagen. Portrait d’un break bien sous tous rapports.
Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, la signature “Auto emociòn“, c’est fini. Place dorénavant à “Enjoyneering“, néologisme né de la contraction du verbe “enjoy” et du nom “engineering“, censé exprimer l’alliance harmonieuse entre plaisir et efficacité, entre séduction et satisfaction. Vaste programme.
Vous l’aurez compris, Seat souhaite en finir avec son image du petit cousin un brin futile, tout juste bon à jouer des castagnettes et à danser le flamenco lorsque Volkswagen se consacre à des tâches plus sérieuses. Le contraste a toujours paru violent et irréconciliable entre les équipes de Martorell l’ensoleillée et de Wolfsburg la sinistre. Plus encore depuis l’entrée en scène de Skoda, au tempérament plus nordique que latin.
Entre les Tchèques et les Allemands, la répartition des rôles tombe sous le sens : fort de son image en béton, Volkswagen reste le seul constructeur généraliste à pouvoir pratiquer des prix légèrement supérieurs à ceux de ses concurrents européens directs. Un privilège qui laisse le champ libre à Skoda, dont les modèles présentent des qualités équivalentes pour une fraction du prix d’une Volkswagen.
Voilà qui ne laisse pas grande place à Seat. Pris en étau au sein de sa propre famille, le constructeur espagnol se trouve de surcroît contraint de composer avec les conséquences de l’effondrement de la demande sur son marché national et en Italie. Pire, son image fut passablement brouillée par la naissance de modèles tels que l’Exeo (une ancienne Audi A4 rebadgée Seat) et de la Toledo, une 4-portes visiblement moins soignée que la toute récente Leon. Deux véhicules plus satisfaisants que réellement flatteurs.
“On me demande fréquemment de préciser quel est le positionnement de Seat“, admet le Président de Seat S.A. “Je réponds alors que Seat ne se définit pas au regard du prix de vente mais plutôt en fonction du profil de sa clientèle. Par conséquent, la nouvelle Seat Leon ne cherche pas à être la berline familiale compacte la moins chère du marché — encore qu’elle soit très bien placée sur ce point — mais plutôt à satisfaire les exigences d’une clientèle plus jeune de 8 ans en moyenne que celle de Volkswagen mais qui n’en parvient pas moins à l’âge où l’on fonde une famille.“
Pas convaincus ? Songez que Frédéric Banzet suit la même logique lorsqu’il se défend de vouloir faire du “low-cost” avec la Citroën C4 Cactus et les futurs modèles de la “Ligne C”, dont l’esprit de simplicité évoque pourtant furieusement l’approche de Dacia. “Il existe une nuance entre faire une voiture dépouillée et bon marché et, d’autre part, faire une voiture qui se concentre sur ce qui importe aux clients“, explique le patron de Citroën. “A savoir : moins d’équipements futiles, une simplicité d’emploi, un design franc et fort, du confort et du bien-être. Bien sûr nos prix seront compétitifs mais ce qui compte, c’est de créer de la valeur ajoutée, d’inventer un objet qui suscite l’envie. Cette dernière naît d’une alchimie complexe entre le prix et les qualités du produit. Un prix plancher ne saurait suffire.“
Ainsi donc, la Seat Leon n’est pas une voiture “bon marché” au sens le moins flatteur du terme. D’ailleurs, sa qualité de réalisation la rapproche plus d’une Golf que d’une Toledo. Et puis l’avènement de sa toute première variante break doit aider Seat à conquérir de nouveaux territoires en doublant son offre sur le segment de marché le plus contesté d’Europe. Ce modèle l’autorise par ailleurs à aller courtiser la clientèle des gestionnaires de véhicules de société qui assurent près de 23 % des ventes de breaks compacts. Surtout, la ST devrait permettre à Seat de convaincre sa clientèle de lui rester fidèle lorsqu’elle doit se tourner vers un véhicule plus familial que l’Ibiza mais meilleur marché qu’un break Exeo ou qu’un monospace Alhambra.
Construite sur la toute dernière plateforme MQB qui sert de fondement à la VW Golf et à l’Audi A3 mais pas à la Seat Toledo ni à la Skoda Rapid, la Leon ST pourrait théoriquement disposer de mêmes équipements et aides à la conduite que ses deux sœurs plus prestigieuses. De fait, elle ne se refuse presque rien : dernières motorisations Volkswagen (de 86 à 184 chevaux), boîte manuelle robotisée à double embrayage DSG 6 ou 7 rapports, système d’arrêt-démarrage automatique, récupération d’énergie au freinage avec roue libre, suspension à amortissement piloté en option, train arrière multibras au-delà de 150 chevaux, direction à rapport de démultiplication variable, toit vitré panoramique rétractable, aide au maintien en ligne, capteur de présence dans l’angle mort, régulateur de vitesse adaptatif, freinage d’urgence automatique en ville, détecteur de fatigue et, enfin, feux de route intelligent qui évitent d’éblouir les autres conducteurs. Dès l’entrée de gamme, on trouve même un écran tactile de 5 pouces de diagonale avec radio et lecteur de carte SD.
La Leon ST fait-elle payer cher ses atouts ? Même pas. Du moins en version de base. En essence, le 1.2 TSI de 86 ch démarre à 16.510 euros et il n’y a que la Dacia Logan MCV pour s’afficher moins cher. Sauf à tomber dans la catégorie du dessous où officiel la Seat Ibiza ST. UneVolkswagen Golf SW mue par le même 4-cylindres exige presque 3.000 euros de plus pour un équipement moindre. La Skoda Octavia Combi est à peine moins chère que la Golf. En Diesel, la Leon ST 1.6 TDI 90 conserve un écart de trois à quatre mille euros avec ses rivales françaises ou allemandes. Dès l’entrée de gamme “Référence”, on bénéficie de la climatisation, de sept coussins de sécurité, de l’écran tactile, du régulateur de vitesse et de la banquette rabattable.
Et ce n’est pas tout. La Seat Leon ST se dotera en effet courant 2014 d’une transmission intégrale permanente qui devrait rester une exclusivité dans sa catégorie. Par ailleurs, la Leon ST se targue d’être le seul break compact à proposer un éclairage entièrement constitué de diodes électroluminescentes (de série sur Leon ST Style et FR). Cerise sur le gâteau, cette Seat est aussi le break le plus léger de sa catégorie, avec une masse supérieure de seulement 45 kg en moyenne à celle de la berline (1.233 kg pour la version la plus légère) malgré un porte-à-faux arrière allongé de 27 cm (4,54 m contre 4,57 m pour une Skoda Octavia Combi).
Cette dernière offre certes une soute à la contenance supérieure (610 litres contre 587 litres) mais elle l’habille d’une robe à l’allure moins “fraîche” et moins contemporaine. Affaire de goûts et de priorités. Le plancher se règle sur deux hauteurs et le dossier de la banquette se rabat à distance, depuis le coffre (raffinement que n’offre pas le tout nouveau Nissan Qashqai, par exemple). En abaissant le siège passager avant, la longueur maximale de chargement atteint 2,67 mètres. Le “pack Family” inclut des rideaux pare-soleil latéraux ainsi que des tablettes au dos des sièges avant. Un authentique esprit de famille.